Femmes d'Afrique : Entretien avec, Angeline Savadogo, Analyste de données –Burkina Faso.


«Je suis déterminée à jouer un rôle actif dans la construction d'une Afrique prospère, inclusive et équitable. »




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Entretien réalisé par : Youcef MAALLEMI (maallemi-youcef@lecourrierdafrique54.com) 

Le Courrier d’Afrique 54 : Angeline Savadogo, Bonjour, Parlez-nous de votre parcours professionnel

 Angeline Savadogo : Mon parcours professionnel a débuté en 2018 en tant que chargée de communication et relations publiques au sein d'entreprises. Au fil du temps, j'ai élargi mes horizons en travaillant avec des organisations internationales sur des projets et programmes, où j'ai acquis de l'expérience en communication pour le développement, en gestion de partenariats, en plaidoyer, en visibilité et en capitalisation des acquis. En quête de nouveaux défis, j'ai pris une décision en 2022 en rejoignant une représentation diplomatique en tant qu'analyste de données afin de mettre en pratique les connaissances acquises durant mes deux années de formation en diplomaties et relations internationales

De l’obtention de votre licence en communication, aux études en diplomatie et les relations internationales, pourquoi avez-vous choisi ces études ?

En ce qui concerne la communication, depuis le collège, les matières littéraires, notamment la philosophie, l'histoire et le français, ont exercé une captivante fascination sur moi. J'ai également admiré les journalistes à la télévision. En conséquence, mon choix pour le BAC et mes études universitaires étaient déjà tout tracés. A l'université, après avoir exploré la socio-économie des médias, les théories et politiques de la communication, j'ai finalement opté pour la communication dans une perspective orientée vers l'avenir. Je suis convaincue que, face aux défis de la mondialisation, du numérique et du développement en général, la communication est un domaine incontournable qui offre de nombreuses opportunités. Quant à mon intérêt pour diplomatie et les relations internationales, je dirai que dans le contexte actuel marqué par une crise géopolitique et géostratégique mondiale, le Burkina Faso et l’Afrique, se retrouve au centre d'une lutte d'influence impliquant de grandes et moyennes puissances. Face aux nombreux défis économiques et sécuritaires auxquels nos pays font face, je nourris le rêve que les pays africains soient capables de prendre des décisions stratégiques éclairées en matière de développement. Pour concrétiser cette vision, il nous incombe de maîtriser et de redéfinir la coopération tant bilatérale que multilatérale ; pour mieux comprendre les enjeux géopolitiques qui se jouent autour de nous nous permettra de mieux cerner les opportunités et les défis qui se présentent à notre nation. En embrassant une approche visionnaire et en favorisant une collaboration équilibrée avec les autres acteurs internationaux, nous pouvons tracer une voie vers un avenir prometteur et durable pour notre nation au sein de l'arène géopolitique complexe et dynamique.

En votre qualité de membre fondateur de la société burkinabè de géopolitique, pouvez-vous nous parler des objectifs et des missions principales de cette organisation ?

La Société Burkinabè de Géopolitique (SBG) se distingue par son engagement dans la création d'une nouvelle dynamique intellectuelle, mettant l'accent sur la réflexion, l'analyse, la recherche et le plaidoyer concernant les enjeux géopolitiques, géostratégiques et géo-informationnels. La SBG se démarque par son approche holistique du développement, mettant en avant les acteurs et les ressources socioéconomiques, culturelles et naturelles du territoire burkinabè. Par le biais de son engagement intellectuel, la SBG vise à apporter un éclairage pertinent sur les enjeux géopolitiques nationaux et à favoriser une vision globale du développement socioéconomique du Burkina Faso. Son action est guidée par le souci de renforcer la compréhension des problématiques géopolitiques du pays et de promouvoir une approche réfléchie et concertée pour relever les défis sécuritaires présents. Face aux défis sécuritaires actuels, elle s'assigne pour mission de conduire des études et analyses approfondies dans les domaines de la sécuritéet de la gestion du territoire.

 Vous êtes membre du groupe de jeunes de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires, quelles sont les actions menées par l’OTICE à ce jour ? 



Le Groupe des Jeunes de l'OTICE a été lancé lors du symposium sur "Science et Diplomatie pour la Paix et la Sécurité qui s'est tenu à Vienne, en 2016. Il compte de 2000 membres provenant de plus de 117 pays, le groupe participe activement à des événements et activités nationaux et internationaux pour promouvoir ces objectifs. Le Groupe des Jeunes de l'OTICE est ouvert aux jeunes professionnels qui orientent leur carrière vers la paix et la sécurité mondiale et qui souhaitent promouvoir activement le TICE. Les objectifs du Groupe des Jeunes de l'OTICE sont entrés autres

 

- Sensibiliser à l'importance de l'interdiction des essais nucléaires à l'échelle mondiale.

- Établir une base de transfert de connaissances à la prochaine génération.

- Impliquer les nouvelles technologies dans la promotion de l'universalisation et de l'entrée en vigueur du TICE.

- Mettre le TICE à l'ordre du jour des événements nucléaires les plus importants dans le monde.

- Accroître l'intérêt des jeunes femmes pour la science et la recherche.

 Aujourd’hui, quelle est la place de la femme africaine dans la politique ?

 La place de la femme africaine dans la politique est marquée par des défis liés aux stéréotypes de genre, aux normes sociales restrictives, et aux inégalités d'accès à l'éducation et à la formation politique. Malgré cela, certaines femmes ont réussi à occuper des postes de leadership et à jouer un rôle crucial dans la gouvernance de leur pays.Occupant différentes places, allant des niveaux locaux aux niveaux nationaux et internationaux. Il est nécessaire de multiplier les initiatives visant à promouvoir leur participation politique pour une gouvernance plus inclusive et équilibrée.

 Parlez-nous des objectifs de votre propre association CHILDREN’S DREAM…

L'association "Children'sDream" a pour objectif d'aider les enfants défavorisés, notamment les jeunes filles, en contribuant à leur développement et bien-être. Elle sensibilise sur des sujets tels que l'éducation, la santé et le développement local. Son action vise à permettre aux enfants défavorisés de devenir des adultes autonomes et responsables, favorisant ainsi leur émancipation et l'égalité des chances. Elle a déjà réalisé diverses activités telles que des formations sur la prévention de la consommation de stupéfiants, des programmes de scolarisation et des actions humanitaires. L'association s'engage à construire un avenir meilleur et plus inclusif pour les enfants défavorisés. A ce jour nous avons menés plusieurs actions impactantees telles que la mise d’un programme de scolarisation des enfants déplacés internes, un paragrammes de sensibilisation et d’informations autours des thématiques tels que le Droit des enfants, la prise en charges des enfants vulnérables , des activités caritatives et  de cohésion social  , 300 enfants ont pu bénéficier directement de notre intervention .

 En mars 2023, vous étes figurée parmi les 54 femmes qui font l’Afrique, quel est votre sentiment ?

 Cette reconnaissance en tant que l'une des 54 femmes qui font l'Afrique en mars 2023 par le magazine ‘’Ceux qui Font l’Afrique’’ m'inspire et me remplit de fierté. Cela témoigne de mon engagement envers le développement et l'égalité des chances pour les jeunes et les femmes. Cette distinction renforce ma volonté de faire entendre leur voix et de travailler pour un avenir meilleur pour tous. Je suis honorée de faire partie de ce groupe inspirant de femmes et je considère cela comme une opportunité de continuer à persévérer et à encourager d'autres femmes à s'engager et à faire une différence. Je suis déterminée à jouer un rôle actif dans la construction d'une Afrique prospère, inclusive et équitable.

 Vous avez reçu le trophée à l’occasion de la 6éme édition de la cérémonie panafricaine de distinctions des femmes impactantes, sur quelle base Angeline Savadogo a été choisi ?

 J’ai été choisie pour recevoir le trophée lors de la 6ème édition de la cérémonie panafricaine de distinctions des femmes impactantes en raison de mon parcours et de mes nombreuses contributions qui ont eu un impact significatif. En tant que Présidente de l'association "CHILDREN'S DREAM" et membre fondateur de la Société Burkinabè de Géopolitique (SBG), je me suisdévouée à soutenir le développement et le bien-être des jeunes. Je joue également un rôle essentiel pour la participation des femmes en politique, j’ai effectué plusieurs consultations dans cette dynamique en pour la CEDEAO, le National Endowment for Democracy (NED) et le Gender Centre for Empowering Development (GenCED), contribuant ainsi au renforcement des valeurs démocratiques et de l'autonomisation des femmes. Mon implication en tant que membre du groupe de jeunes de l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (OTICE) souligne son engagement pour un monde plus sûr et pacifique. Voilà entres autres quelques réalisations.

 Pour terminer, comment analysez-vous le conflit russo-ukrainien ?

 L’opération spéciale russe en Ukraine le 24 février 2022 est un rappel saisissant que l'histoire continue de façonner notre présent. Cette déflagration dépasse largement les frontières russo-ukrainiennes, engendrant des répercussions à l'échelle mondiale. Les enjeux sont multiples, allant bien au-delà du seul aspect de la confrontation armée : ils touchent à des aspects géopolitiques, énergétiques, économiques et, avant tout, humains. Le conflit russo-ukrainien présente des enjeux importants pour l'Afrique, notamment sur les plans économique, énergétique, sécuritaire, migratoire, éducatif et diplomatique. La guerre a des répercussions sur l'approvisionnement en produits agricoles, le secteur énergétique, les migrations d'étudiants africains en Ukraine, les relations diplomatiques et la prise de position des pays africains. L'Afrique a l'opportunité de tirer profit des négociations sur l'exportation de gaz, mais elle doit se positionner de manière indépendante et stratégique en fonction de ses intérêts géopolitiques. La solidarité et l'unité sont essentielles pour faire face à cette nouvelle guerre froide et pour que l'Afrique fasse des choix stratégiques pertinents.

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