Le Courrier d'Afrique

CONTRIBUTION. Économie verte, source de développement.

 CONTRIBUTION.

Économie verte,

source de développement.


78

Les économies africaines dépendent considérablement des ressources naturelles. La transition vers une économie verte devrait orienter les politiques africaines vers une exploitation durable des ressources afin de réduire les taux excessifs de pauvreté. L’action des femmes entrepreneures favorise la création d’emplois et de richesse. Le fonds « Pertes et dommages » doit s’intéresser aux initiatives des premières dames d’Afrique au moment où le continent est secoué par le réchauffement climatique. Comment les premières dames africaines pourraient-elles créer ces emplois par le biais d’une économie verte ?

Par :  Paul Francis Nathaneal Tonye : Expert en Droit des ressources naturelles et du développement durable / Médiateur International et Ohada, Membre du Réseau des Médiateurs Professionnels d’Afrique (REMPA)

 Les femmes sont sous-représentées dans les secteurs clés de l’économie verte en Afrique. Elles sont prêtes à offrir les meilleurs emplois verts par la mise en œuvre des projets de développement durable misant sur la notion de « bien-être ». Ces emplois verts contribuent à l’utilisation efficiente de l’énergie et des matières premières. Ils limitent les émissions de gaz à effet de serre, minimisent les déchets ainsi que la pollution. Dans leur livraison de 2021, L’ONU Femmes et la Banque africaine de développement (BAD) estiment que :

« L’agriculture de conservation et l’agriculture biologique peuvent offrir des opportunités rapides aux petites agricultrices d’accéder à des emplois verts, car les femmes sont déjà bien placées en matière de participation à la main-d’œuvre dans le secteur, et la transition vers des emplois verts peut être réalisée en peu de temps avec des investissements relativement faibles dans la formation ».

Consciente de la priorité de l’adaptation au réchauffement climatique, l’économie « verte » représente une opportunité pour l’Afrique, les premières dames d’Afrique intègrent la préoccupation de l’ONU dans leurs démarches. Elles se butent constamment aux manques de politiques et de programmes pour les appuyer vers cette transition verte qui leur est naturelle.  Cette transition s’exprime par une réelle volonté politique des États. Plusieurs pays africains favorisaient la mobilisation d’importants financements privés en faveur du climat et de la croissance verte. N’oublions pas que certains pays africains sont à la merci d’une classe dirigeante globale visant la maximisation des profits. La gouvernance et la corruption sont des questions controversées détournant un véritable développement durable. Les premières dames valident leurs objectifs de développement durable (ODD). Elles redoublent d’efforts pour assurer un avenir sûr et sain pour les femmes, les enfants et les jeunes. Elles militent pour l’épanouissement et le bien-être des populations socialement défavorisées en proposant des médiations sociopolitiques entre elles, l’État et les partenaires internationaux. Par leurs actions, elles contribuent à maintenir un équilibre entre le capital disponible et les éco-activités réunies dans leur vision d’une économie verte. En marge du 5e Sommet Union africaine-Union européenne d’Abidjan, la Première dame ivoirienne, Dominique Ouattara a organisé le « Forum des conjoints » pour asseoir une économie verte et inclusive à travers le continent africain. Tel est la vision proposée lors de ce forum. À ses côtés,  Mme Chantal BIYA, présidente fondatrice des SYNEGIES AFRICAINES et Mme la présidente du Fonds vert R20 pour les femmes plaident en faveur de la constitution d’une  économie verte. Leurs démarches visent à constituer une chaîne de valeurs visant l’autonomie des femmes afin de créer des activités génératrices de revenus, pour soutenir leur vision d’une économie verte. Dans leurs concertations et objectifs communs, elles apportent leur soutien au Fonds vert pour les femmes, initié par une ONG fondée par Arnold Schwarzenegger avec le soutien des Nations unies. Sous leur influence, cette ONG accompagne les entrepreneurs dans le développement de projets verts en mobilisant les collectivités territoriales, les entreprises et les investisseurs faisant partie l’économie verte. Pour l’ONU, une économie verte participe au maintien et au renforcement des ressources naturelles pouvant constituer une source importante d’emplois, de revenus tout en assumant la subsistance de grandes populations africaines.


Les premières dames africaines font la promotion d’une seule humanité en favorisant la sécurité alimentaire ainsi qu’un modèle économique vert. Elles fondent leurs opinions sur une philosophie d’actions :

ð       Le développement durable

ð       La réduction de la pauvreté

ð      - La lutte contre le changement climatique

ð      - L’accès à l’éducation et à la santé

ð     -  La préservation de la biodiversité

La Première dame de la Côte d’Ivoire œuvre en faveur de l’autonomie des femmes agricultrices. Son objectif est d’accroître les revenus ruraux afin qu’ils soient durables tout en protégeant l’environnement. Son crédo est l’accès des femmes aux services bancaires spécialisés en zones rurales pour un accompagnement à long terme. Les services financiers classiques étant peu commodes au monde rural. Elle plaide pour la création d’une Banque pour les femmes rurales. Le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI) a été mis en place en 2012 à cette fin. Les premières dames d’Afrique ont pensé à une stratégie dans chaque pays pour faire obstacle aux risques liés aux changements climatiques :

ð      - L’érosion

ð       -La diminution de la teneur en matières organiques

ð       -La salinisation

ð      - La perte de biodiversité des sols

        - Les glissements de terrain

ð      -La désertification et les inondations rendant des terres inexploitables

Exemple : La stratégie du Cercle des Amis du Cameroun (CERAC) est d’apporter des solutions en matière environnementale, écologique, énergétique ainsi que des projets relatifs au monde rural. Al Hamndou Dorsouma estime que l’économie verte « permet d’assurer la croissance économique, tout en tenant compte de l’inclusion sociale et de la soutenabilité environnementale ».Depuis plus de deux décennies, le CERAC offre aux femmes rurales et aux personnes de milieux modestes l’accès aux outils innovants et aux solutions durables pour améliorer leur quotidien tout en préservant l’environnement :

ð       Des pulvérisateurs pour traitements phytosanitaires à l’aide de bio-insecticides

ð       Moulins à écraser

ð       Sacs d’engrais écologiques (maintenir la qualité du sol, de nourrir les plantes)pour sauvegarder l’environnement et la santé

ð       Tricycles avec équipements complets

ð       Pousse-pousse, brouettes

ð       Seaux, râteaux, pelles, plantoirs

ð       Ordinateurs portables avec sacoches

ð       Semences améliorées de céréales.

Naturellement, ces actions des premières dames participent activement au développement de leurs pays respectifs. Leur mission est d’éliminer la pauvreté et de bâtir un monde rural propre qui peut nourrir l’Afrique, assurer l’autonomie des femmes. Ces mêmes femmes contribuent le plus à l’agriculture, écoulent la production par des procédés moins polluants et moins consommateurs d’énergie. Leurs éco-activités protègent l’environnement et la gestion des ressources naturelles. Malgré les grands discours de l’Union africaine sur le verdissement de l’économie, cette institution ne sera efficace que si l’Afrique finance elle-même son programme de développement en mobilisant ses ressources nationales. Incapable de parler d’une seule voix, l’Union africaine aura-t-elle suffisamment de moyens, de personnel, de pouvoir et d’autorité au sein des gouvernements pour faire progresser l’égalité et la justice en faveur des femmes ? Alors que selon les experts, les programmes d’aide sont plus efficaces quand les femmes participent aux activités de développement. Selon Camille Risler, juriste :

« Les femmes dépendent davantage des ressources naturelles que les hommes » (à cause des rôles sociaux de genre).

Eu égard à l’ONU, Femmes, (2021) :

 « Sur le continent africain, les femmes jouent un rôle essentiel en tant que gestionnaires des ressources naturelles, contribuant à la durabilité environnementale et à la résilience de leurs communautés ». Ce travail est souvent non rémunéré et effectué sur une base volontaire. »

Les gouvernements des pays d’Afrique sont-ils prêts à agir fermement, selon un échéancier rigoureux et à suivre les ONG des premières dames dans cet élan proactif vers l’économie verte ?Le fonds « pertes et dommages » doit s’intéresser aux initiatives des premières dames qui œuvrent finalement au bien-être des populations socialement défavorisées et à l’économie verte. Cet engagement des premières dames en faveur de l’économie verte nous échoit. À partir de l’Afrique, le soutien à l’économie verte peut assurer une reprise économique mondiale durable.Nous en appelons au fonds « pertes et dommages ».

« Le principe de la vie heureuse réside dans la vertu. Le souverain bien, dont la quête et la possession garantissent le bonheur, se confond avec l’honnête ou le bien moral. » Sénèque

Enregistrer un commentaire (0)
Plus récente Plus ancienne