Entretien avec Gustav BAKOUNDAH, Ceo et Fondateur de LABEL D'OR Sarl.

« Label d’Or pense promouvoir l’agriculture biologique »


383

Entretien réalisé par : Youcef MAALLEMI (maallemi-youcef@lecourrierdafrique54.com) 

Le Courrier d’Afrique 54 : En votre qualité de DG, pouvez-vous décrire votre entreprise « Label d’Or » à nos lecteurs ?

Gustav BAKOUNDAH : Sous une forme imagée, je crois que cela est bien représenté dans notre logo (l’équipe de communication avait fait un travail que je trouve formidable…) : je vois cette entreprise comme une lanterne ; une lampe-tempête qui montre le chemin tout en protégeant le petit feu qui éclaire… Label d’Or fait du ‘‘social-lucratif’’ dans le domaine de l’agriculture biologique et de l’industrie agroalimentaire; c’est-à-dire que nous créons une richesse et donnons de l’espoir à des personnes travailleuses mais se trouvant  dans des conditions de précarité qu’ils n’ont pas choisi  pour les amener vers le haut ; les faire sortir de l’ombre…

Comment avez-vous eu l’idée de vous lancer dans l’exportation de produits bio ?

Je pourrais dire que c’est un parcours de circonstances ; cela n’a pas été mon objectif quand je me lançais dans le domaine professionnel, loin de là ! J’ai plutôt suivi un cursus de gestionnaire comptable. Mais j’ai observé que le potentiel de nos producteurs et agriculteurs est minimisé dans nos pays alors qu’il existe une véritable valeur économique. Je me suis donc jeté à l’eau en organisant des groupements de producteurs sur certaines spéculations et ensuite en postant des offres de ces produits sur internet et ça a marché…

Quels sont les pays où vous exportez vos produits Bio et quels sont les produits exportés ?

Essentiellement en UE (France, Allemagne, Pays-Bas, Italie…). Nous exportons également depuis peu vers les US et le Canada. Nous avons donc la certification Biologique sur nos produits vers ces destinations. Nous certifions une dizaine de produits en agriculture biologique dont les plus importants sont : la graine de soja, l’ananas (Cayenne lisse, Pain de sucre, MD2, Queen Victoria), le beurre de karité brut (conditionnement en flexitank et cartons), le fonio, le jus d’ananas (Pur jus, Purée et concentré conditionnement en poches aseptiques et mis en fût de 220 litres) ….

Comment se porte le secteur de l’agriculture Bio au Togo ?

Elle se porte à merveille sur le plan général depuis maintenant plusieurs années. Pur exemple, sur un de nos produits, la graine de soja bio (dont je suis le président de l’Association des commerçants-exportateurs), nous avons sur plusieurs années consécutives été le premier exportateur MONDIAL vers l’UE. Mais nous commençons à être victimes de notre propre succès depuis deux ans : beaucoup d’opportunistes (soi-disant investisseurs) et beaucoup d’amateurs se targuent de participer à l’expansion du Bio au détriment des petits producteurs honnêtes et hardworkers. Mais c’est une situation conjoncturelle parce que nous œuvrons avec le gouvernement pour juguler cette hémorragie ; et nous espérons y arriver très rapidement !

Le Bio est-il aussi un moyen de lutter contre l’insécurité alimentaire ?

Evidemment. L’insécurité alimentaire ne se mesure pas qu’à la quantité de produits alimentaires disponibles mais aussi et surtout à la qualité. Notre santé n’est pas en sécurité quand nous disposons de beaucoup de nourritures issues de produits de synthèse ou d’organismes génétiquement modifiés. Le Bio nous permet de mettre des choses saines dans un corps que nous voulons sain. Le Bio est une question de santé public ; notre aliment doit être notre médicament.

Quels sont vos projets à court et moyen termes ?

A court terme, étendre et faire connaitre la valeur économique de deux de nos produits supplémentaires : le karité et le fonio. Poursuivre le travail amorcé pour faire du Togo une nouvelle destination des importateurs d’ananas MD2 et Queen Victoria. A moyen terme, Label d’Or pense promouvoir l’agriculture biologique par le développement de fermes-sites de conditionnement à grande échelle de certains produits. Je reviendrai sur ce dernier sujet dans une autre interview si vous voulez.

Quel est l’état d’avancement des travaux de constructions de vos deux usines : de transformation de beurre de karité et de transformation de graines de soja ?

En fait, c’est un projet imbriqué. Nous voulons construire un complexe d’unités de transformation plutôt que de faire deux usines ou trois usines. Les plans d’expansion de ce complexe seront dévoilés au fur et à mesure à nos partenaires et parties prenantes… Pour le moment, une partie de l’unité sur le karité est terminée (capable de presser 30T d’amandes de karité par jour en beurre de karité Bio et équitable). Elle a été inaugurée en fin février 2023 : nous avons eu l’honneur d’avoir la présence de la cheffe du gouvernement togolais accompagnée d’une délégation ministérielle ainsi que de l’ambassadrice des USA au Togo.

Quels sont vos partenaires ?

C’est malheureusement une question épineuse. A proprement parler, nous faisons cavaliers seuls, en particulier dans le domaine financier. Dans nos pays, c’est difficile de trouver un partenaire financier qui croit en vos rêves et veut y participer. La plupart du temps, vous êtes obligés de travailler avec des banques commerciales, qui sont de véritables usuriers en Afrique. Nous avons cependant eu, dans le cadre de l’unité de transformation de karité, l’appui d’un demi-million de dollars US de la part du West Africa Trade and Investment Hub pour soutenir essentiellement les femmes collectrices d’amandes de karité collaborant avec nous.

Parlez nous de vos prix décernés.

(Rires). Parler de prix obtenus peut faire penser des fois qu’on est une personne qui ‘‘vaut beaucoup’’ et qui a réussi : mais je ne suis que Bakoundah D. Gustav ! C’est vrai que j’ai eu quelques prix qui récompensent notre travail et dont j’en suis fier. Je vais citer quelques-uns : Officier de l’Ordre du Mérite Agricole et Officier de l’Ordre de Mono décernés par l’Etat Togolais. J’ai également obtenu, à Paris en 2021, le prix World Quality Commitment d’un comité qui a décerné le même prix à de très grandes sociétés. Et je suis Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole de la République Française…

Quelle est la place du Bio dans les années à venir ?

Avec les guerres récentes et les nouvelles de guerres, c’est vrai que beaucoup de personnes trouvent que l’essentiel est d’avoir à manger (que ce soit pour nous ou pour nos animaux). Mais les produits et le marché bio se porteront bien et vont même accroître. Je sais que le Bio aura toujours une grande valeur et sera toujours recherché par ceux qui y tiennent. Comme on le dit sous certains cieux : ‘‘Connaisseur connaît !’’ Pour plus d’informations, allez à notre découverte sur notre site www.labeldor-bio.com

Enregistrer un commentaire (0)
Plus récente Plus ancienne