« Label
d’Or pense promouvoir l’agriculture biologique »
Entretien réalisé par : Youcef MAALLEMI (maallemi-youcef@lecourrierdafrique54.com)
Le Courrier d’Afrique
54 : En votre qualité de DG, pouvez-vous
décrire votre entreprise « Label d’Or » à nos lecteurs ?
Gustav BAKOUNDAH :
Sous une forme imagée, je crois que cela est bien représenté dans notre logo
(l’équipe de communication avait fait un travail que je trouve formidable…) :
je vois cette entreprise comme une lanterne ; une lampe-tempête qui montre
le chemin tout en protégeant le petit feu qui éclaire… Label d’Or fait du
‘‘social-lucratif’’ dans le domaine de l’agriculture biologique et de
l’industrie agroalimentaire; c’est-à-dire que nous créons une richesse et donnons
de l’espoir à des personnes travailleuses mais se trouvant dans des conditions de précarité qu’ils n’ont
pas choisi pour les amener vers le haut ;
les faire sortir de l’ombre…
Comment avez-vous eu l’idée
de vous lancer dans l’exportation de produits bio ?
Je pourrais dire que c’est
un parcours de circonstances ; cela n’a pas été mon objectif quand je me
lançais dans le domaine professionnel, loin de là ! J’ai plutôt suivi un
cursus de gestionnaire comptable. Mais j’ai observé que le potentiel de nos
producteurs et agriculteurs est minimisé dans nos pays alors qu’il existe une
véritable valeur économique. Je me suis donc jeté à l’eau en organisant des
groupements de producteurs sur certaines spéculations et ensuite en postant des
offres de ces produits sur internet et ça a marché…
Quels sont les pays où vous
exportez vos produits Bio et quels sont les produits exportés ?
Essentiellement en UE
(France, Allemagne, Pays-Bas, Italie…). Nous exportons également depuis peu
vers les US et le Canada. Nous avons donc la certification Biologique sur nos
produits vers ces destinations. Nous certifions une dizaine de produits en
agriculture biologique dont les plus importants sont : la graine de soja,
l’ananas (Cayenne lisse, Pain de sucre, MD2, Queen Victoria), le beurre de
karité brut (conditionnement en flexitank et cartons), le fonio, le jus
d’ananas (Pur jus, Purée et concentré conditionnement en poches aseptiques et
mis en fût de 220 litres) ….
Comment se porte le secteur
de l’agriculture Bio au Togo ?
Elle se porte à merveille
sur le plan général depuis maintenant plusieurs années. Pur exemple, sur un de
nos produits, la graine de soja bio (dont je suis le président de l’Association
des commerçants-exportateurs), nous avons sur plusieurs années consécutives été
le premier exportateur MONDIAL vers l’UE. Mais nous commençons à être victimes
de notre propre succès depuis deux ans : beaucoup d’opportunistes
(soi-disant investisseurs) et beaucoup d’amateurs se targuent de participer à
l’expansion du Bio au détriment des petits producteurs honnêtes et hardworkers.
Mais c’est une situation conjoncturelle parce que nous œuvrons avec le
gouvernement pour juguler cette hémorragie ; et nous espérons y arriver
très rapidement !
Le Bio est-il aussi un
moyen de lutter contre l’insécurité alimentaire ?
Evidemment. L’insécurité
alimentaire ne se mesure pas qu’à la quantité de produits alimentaires
disponibles mais aussi et surtout à la qualité. Notre santé n’est pas en
sécurité quand nous disposons de beaucoup de nourritures issues de produits de
synthèse ou d’organismes génétiquement modifiés. Le Bio nous permet de mettre
des choses saines dans un corps que nous voulons sain. Le Bio est une question
de santé public ; notre aliment doit être notre médicament.
Quels sont vos projets à
court et moyen termes ?
A court terme, étendre et
faire connaitre la valeur économique de deux de nos produits
supplémentaires : le karité et le fonio. Poursuivre le travail amorcé pour
faire du Togo une nouvelle destination des importateurs d’ananas MD2 et Queen
Victoria. A moyen terme, Label d’Or pense promouvoir l’agriculture biologique
par le développement de fermes-sites de conditionnement à grande échelle de
certains produits. Je reviendrai sur ce dernier sujet dans une autre interview
si vous voulez.
Quel est l’état
d’avancement des travaux de constructions de vos deux usines : de
transformation de beurre de karité et de transformation de graines de
soja ?
En fait, c’est un projet
imbriqué. Nous voulons construire un complexe d’unités de transformation plutôt
que de faire deux usines ou trois usines. Les plans d’expansion de ce complexe
seront dévoilés au fur et à mesure à nos partenaires et parties prenantes… Pour
le moment, une partie de l’unité sur le karité est terminée (capable de presser
30T d’amandes de karité par jour en beurre de karité Bio et équitable). Elle a
été inaugurée en fin février 2023 : nous avons eu l’honneur d’avoir la
présence de la cheffe du gouvernement togolais accompagnée d’une délégation
ministérielle ainsi que de l’ambassadrice des USA au Togo.
Quels sont vos
partenaires ?
C’est malheureusement une
question épineuse. A proprement parler, nous faisons cavaliers seuls, en
particulier dans le domaine financier. Dans nos pays, c’est difficile de
trouver un partenaire financier qui croit en vos rêves et veut y participer. La
plupart du temps, vous êtes obligés de travailler avec des banques
commerciales, qui sont de véritables usuriers en Afrique. Nous avons cependant
eu, dans le cadre de l’unité de transformation de karité, l’appui d’un
demi-million de dollars US de la part du West Africa Trade and Investment Hub
pour soutenir essentiellement les femmes collectrices d’amandes de karité collaborant
avec nous.
Parlez nous de vos prix
décernés.
(Rires). Parler de prix
obtenus peut faire penser des fois qu’on est une personne qui ‘‘vaut
beaucoup’’ et qui a réussi : mais je ne suis que Bakoundah D.
Gustav ! C’est vrai que j’ai eu quelques prix qui récompensent notre
travail et dont j’en suis fier. Je vais citer quelques-uns : Officier de
l’Ordre du Mérite Agricole et Officier de l’Ordre de Mono décernés par l’Etat
Togolais. J’ai également obtenu, à Paris en 2021, le prix World Quality Commitment
d’un comité qui a décerné le même prix à de très grandes sociétés. Et je suis
Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole de la République Française…
Quelle est la place du Bio
dans les années à venir ?
Avec les guerres récentes et les nouvelles de guerres, c’est vrai que beaucoup de personnes trouvent que l’essentiel est d’avoir à manger (que ce soit pour nous ou pour nos animaux). Mais les produits et le marché bio se porteront bien et vont même accroître. Je sais que le Bio aura toujours une grande valeur et sera toujours recherché par ceux qui y tiennent. Comme on le dit sous certains cieux : ‘‘Connaisseur connaît !’’ Pour plus d’informations, allez à notre découverte sur notre site www.labeldor-bio.com