De la Côte d’Ivoire à Madagascar, de Tunis à
Johannesburg, l’Afrique se prend en main
Par : Jean-Louis Moulot, Maire de Grand-Bassam, Côte d’Ivoire.
Il y a presque deux ans, j’écrivais une
tribune, les pieds dans l’eau,
depuis Grand-Bassam, en Côte d'Ivoire sur le Golfe de Guinée. J’alertais sur
les conséquences dévastatrices du changement climatique en Afrique. Aujourd'hui, je reviens car
l’eau monte.
Les pluies diluviennes, la
montée des eaux, l'érosion côtière ont des répercussions désastreuses sur nos
populations et nos économies. Les projections démographiques indiquent que nos
littoraux seront de plus en plus peuplés dans les années à venir, exacerbant
ainsi les risques.
Rappelons que trente-huit
de nos cinquante-quatre états sont côtiers…
Face à cette menace
grandissante, l'Afrique se mobilise. Des actions concrètes sont mises en œuvre
pour lutter contre le réchauffement climatique tout en favorisant le
développement économique. À Grand-Bassam, nous sommes
aux avant-postes du combat. Nous travaillons sans relâche pour
stopper l'érosion côtière et préserver nos écosystèmes. Nous mettons en place
des initiatives durables qui favorisent la création d'emplois et contribuent au
développement de notre commune. La lutte contre le changement climatique ne
peut être menée efficacement que si certaines conditions sont réunies.
Tout d'abord, nous avons besoin de leaders
volontaires et engagés. Nous en
avons. Nous saluons les initiatives prises par certains pays africains, à l’instar
du Sénégal, du Rwanda ou du Gabon, et de la Côte d'Ivoire. Nous soutenons les
déclarations du Président kenyan, William Ruto,
au Sommet de Paris déclarant que l’Afrique ne demandait pas d’aide, que
l’Afrique ne « mendiait » pas mais qu’elle voulait, au contraire,
activement « participer à la solution ». Nous soutenons les propos du
Président malgache, Andry Rajoelina, insistant sur l’insuffisance des financements
mobilisés, lors de la COP 27 de Sharm El Sheik, pour un continent qui reste le
premier touché.
Mais nous devons aller plus loin
et porter plus haut notre voix au niveau des institutions
supranationales. Les résultats en demie teinte de la COP 27 de Sharm El Sheik,
en novembre dernier, ne suffiront pas. Nous devons tous, plus et mieux, nous
impliquer dans ce combat. Et les entreprises africaines y
ont un rôle crucial à jouer en investissant dans des initiatives durables et en
adaptant leurs modes de production aux enjeux environnementaux. Ensemble, nous pouvons
créer une dynamique positive et favoriser l'innovation
pour construire un avenir résilient.
Enfin, il est essentiel d'impliquer les populations.
Nous devons sensibiliser nos concitoyens, expliquer les enjeux du changement
climatique et les mobiliser autour d'actions concrètes. En tant que maire de
Grand-Bassam, je suis convaincu que l'éducation et la sensibilisation sont des
leviers puissants pour le changement. La
tâche qui nous attend est immense, mais je refuse de céder à la résignation. La
récente réunion des chefs d'État à Paris montre que la question climatique est
prise au sérieux, mais il est impératif de passer des paroles aux actes. Les
promesses doivent être suivies d'actions concrètes et les financements
nécessaires doivent être débloqués pour soutenir les pays les plus vulnérables.
Je le redis, l’Afrique paye cash le prix du dérèglement climatique. Les preuves sont là, les pertes
réelles, et les souffrances de nos concitoyens palpables.
Ensemble, nous pouvons
inverser la trajectoire actuelle
et bâtir un avenir où l'Afrique et le monde prospèrent dans un environnement
sain et durable. À Grand-Bassam, nous sommes déterminés à continuer notre lutte
pour préserver notre environnement et offrir à nos concitoyens un cadre de vie
« normal ».
Trente-huit pays côtiers,
disais-je : c’est l’Afrique bleue.
Il y a là un gisement de ressources et d’infrastructures potentiel
particulièrement sous-exploité que ce soit en termes d’énergies renouvelables
provenant des océans, d’aquaculture et de pisciculture pour ne citer qu’eux.
L’Afrique bleue, ce sont des énergies non-carbonés et des millions d’emplois.
Alors au travail ! Cessons de nous lamenter.
Engageons-nous aujourd'hui pour un avenir où l'Afrique brille comme un exemple
de résilience et d’innovation, de coopération et de progrès.