Le Courrier d'Afrique

Agriculture phoenicicole/ Reportage : M. Ameur Leghzal phoeniciculteurs


« Nos palmiers dattiers sont beaucoup assoiffés »





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La plantation d'une palmeraie réclame un investissement important et surtout de longue durée. Planter des rejets ayant un grand pourcentage de reprise comporte une économie appréciable d'investissement et permet l'obtention d'une palmeraie homogène. L'agriculture phoenicicole est, par rapport à d'autres spéculations agricoles algériennes, assez retardataire. La mise au point des techniques permettant à la masse des planteurs de réussir la plantation dans une mesure de l'ordre de 90 à 95 % dès la première année, serait pour elle d'un avantage considérable.

Reportage réalisé par notre envoyé spécial à Tolga- Biskra : Youcef MAALLEMI

 

Tolga, elle est située à 390 kms au Sud-est de la capitale d’Alger et à 36 Km au nord- ouest du chef lieu de wilaya Biskra. Son altitude est de 128 mètres au dessus du niveau de la mer. Elle est caractérisée par un climat froid en hiver, chaud et sec en été. Sa localisation géographique fait d’elle une région à vocation agro-saharienne basée sur les vastes étendues des oasis. Sous une température qui dépasse les 50 degrés, nous arrivons sur le terrain, une parcelle d’une superficie de 13 hectares et 4000 mètres carrés pour une plantation de plus de 1 500 palmiers dattiers, sur le lieu nous constatons déjà beaucoup de palmier sont déjà plantés et d’autre en cours de plantation. Cette culture a accompagné toutes les civilisations anciennes et modernes du Sahara algérien, les plus anciennes traces de culture de palmiers dattiers se trouvent à Biskra et datent de presque 2 000 ans. L’activité de culture du palmier dattier s’est ancrée dans la région, et elle se présente comme l'une des plus importantes régions phoenicicoles en Algérie. Elle est connue mondialement pour la grande qualité de ses dattes, notamment par la variété noble Deglette Nour. Pour ce rendre à El Reg, à 10 kilomètres de route (demi goudronnée, demi piste) depuis le centre ville de Tolga, vers Alioua, a bord d’un véhicule climatisé, nous prenons la route en compagnes de M. Ameur Leghzal propriétaire du champ de plantation des palmiers dattiers, dans la région d’El Reg. Ce phoeniciculteur, m’a montré comment élaborer un système d’irrigation standard sur 13 hectares, avec un bon système de filtration, la technologie des goutteurs. J’ai également appris comment capter de l’eau d’un forage ou pomper l’eau d’un réservoir jusqu’au champ et bien-sur comment planter des palmiers. En général, En général dans la région d’El Reg, les palmiers les plus populaires sont, Deglet Nour, Medjhoul, Boufeggous, Bousekri. Pour cultiver le palmier dattier, notre interlocuteur, M. Ameur Leghzal (propriétaire) nous dira que « C’est très simple, avec un contrôle de toutes les étapes d’arrosage du palmier dattier, la technologie actuelle, nous pousse à utiliser les ressources hydriques de manière plus efficiente, et le secteur agraire a un rôle essentiel à jouer. Le seul chemin à suivre pour assurer le développement des cultures des palmiers, implique d’utiliser uniquement la quantité d’eau et d’engrais nécessaires à la culture ». La production de palmiers dattiers se trouve surtout dans les régions arides et semi-arides, lieux où a été développée l’essentiel de la production de dattes dans le monde. La consommation mondiale des dattes a tellement augmenté, que la production en 2025 sera de 30 % supérieure à celle de 2021. Il est important, d’abord, d’établir quelle variété de palmier doit être plantée. Ce choix, dépend de la région de plantation. D’une part, certaines variétés vont être mieux adaptées aux conditions climatiques et du sol. Pour la plantation, selon notre interlocuteur, « Elle s'effectue pratiquement de fin février à début mai mais il vaut mieux planter plus tôt que plus tard. Le plant peut ainsi reprendre son activité avant l'arrivée des redoutables chaleurs » a-t-il expliqué.

L’arrosage des palmiers goutte-à-goutte.

La région de Tolga, dans la wilaya de Biskra, marquées par la pénurie d’eau ces dernières années. Le palmier dattier à besoin d'eau, dans la région de Tolga, ce n’est pas le sol mais l’eau qui constitue le capital foncier des exploitants en raison de l’importance qu’occupe cet élément dans l’activité phoenicicole. Pour Ameur Leghzal, « L'irrigation dans certaines régions de Biskra de en aggravation, notamment avec l’augmentation des superficies et la faible, voir la stagnation, de la mobilisation des ressources hydriques dans cette région. La quasi-totalité des phoeniciculteurs plus de 80 % souffrent de l’insuffisance d’eau pour irriguer leurs palmiers» a-t-il souligné. Les principales causes de ce déficit hydrique sont : système d’irrigation traditionnel qui nécessite l’inégalité d’exploitation des eaux existantes entre palmerais, l'absence des techniques d’irrigation (économisatrices) pour minimiser les pertes, la mauvaise gestion de l’eau, la facture élevé d’électricité, et le nombre élevé des associés autour d’un seul forage. Selon toujours notre interlocuteur, « Cette pénurie d’eau s’explique aussi par la sous utilisation des ressources disponibles et le déficit évident dans la mobilisation, la méconnaissance des capacités réelles des différents forages et leur état d’évolution. D’autres part la pauvreté en ressources hydriques par rapport aux autres régions sahariennes a été aggravée par l’évolution rapide des superficies ces dernières années. Les profonds bouleversements hydrologiques, l'utilisation irrationnelle de cette ressource rare, et la faiblesse des infrastructures hydriques ont mis la région dans une grande pénurie d’eau » affirme-t-il. Pour irrigation, sont installés deux tuyaux par ligne de culture avec 4 goutteurs bottons par arbre. Durée de l’arrosage : 2 heures tous les 3 jours (deux fois par semaine). La deuxième méthode est l’irrigation goutte-à-goutte enterrée. L’irrigation enterrée a de nombreux avantages, Pour M.Ameur, « maintenant, nous voudrions nous concentrerons sur le mouvement de l’eau dans le sol, parce qu’il évolue notablement d’un sol à un autre, par exemple, d’un sol argileux à un sol sablonneux. Cette disposition de l’eau dans le sol va affecter la durée et la fréquence d’irrigation. Dans les sols argileux, la perméabilité du sol est beaucoup plus compacte, et fait que l’eau reste dans la surface du sol assez longtemps pour avoir beaucoup de pertes par évaporation. D’autre part, dans les sols sablonneux la capillarité est très grande, et fait que toute l’eau appliquée passe aux niveaux inférieurs plus rapidement, en supposant aussi une perte d’eau par percolation ». insiste M. Ameur.


Respect de l’environnement

Toujours sur le plan d’irrigations, selon M. Leghzal, « Actuellement, il y a beaucoup de régions où l’arrosage par submersion est le système d’irrigation le plus utilisé. Cette méthode, qui nuit à l’environnement, doit être remplacée par un système plus durable, comme l’arrosage goutte-à-goutte. La méthode est simple : envoyer l’eau seulement sur la zone racinaire ; c’est la seule technique qui permet de répondre aux besoins en eaux des palmiers dattiers, tout en contrôlant la consommation d’eau». a-t-il souligné. Sur le même sujet, l’irrigation, M.Ameur Leghzal, nous dira encore « Le premiers pas pour calculer les besoins hydriques de nos palmiers dattiers. C’est très important d’abord, de faire un calcul efficient des paramètres climatiques et agropedo-climatologiques de l’environnement au lieu de nos palmiers. Ceux-ci nous facilitent la mesure exacte et le contrôle de tous les paramètres qui affectent nos cultures, comme la radiation, l’humidité, la température, la texture du sol et la pluviométrie » dit-il. Le facteur qui détermine la durée et la quantité d’irrigation, dépend toujours de l’évapotranspiration. C’est la clé pour déterminer les besoins hydriques de nos palmiers, mais, sur ce point, nous devons déterminer la qualité de l’eau, le type du sol, la salinité du sol et de l’eau, la température etc. Selon toujours M.Ameur Leghzal « Après avoir calculé la quantité d’eau nécessaire par jour et le jour de besoin hydrique maximum, nous devons appliquer le facteur de lessivage. Ici, nous augmentons la durée de l’irrigation pour lessiver les sels, ce facteur varie en fonction de la culture et de la qualité de l’eau. Généralement, le lessivage représente 10 à 30 % de plus en temps d’arrosage. Les besoins hydriques standards pour les palmiers dattiers sont de 60 à 70 m3/arbre/an en période chaude dans la zone d’El Reg (Lioua) » a-t-il ajouté. Rappelons que, l’inévitable croissance de la consommation des dattes, qui est pourtant une culture avec des besoins d’irrigation vraiment exigeants, ne sera pas viable à long terme sans une méthode d’irrigation durable. Plusieurs études sont déjà faites sur l’installation de l’irrigation localisée en palmier. Ce système d’irrigation a donné de très bons résultats en production et en préservation de la ressource en l’eau, économisant plus de 50 % d’eau avec une augmentation de 100 % de la production, de 50 kg à 100 kg par arbre.

Déficit hydrique


Ce déficit hydrique provoque la détérioration des rendements en quantité et en qualité et même la mort d’un nombre important de palmiers dans certaines zones qui provoque un manque à gagner et qui varie de 10% à 20% en moyenne et parfois dépassant les 50 %. Face à ce problème, Ameur Leghzal, nous dira que « Les phoeniciculteurs réagissent de différentes façons au manque d'eau. Certains abandonnent leurs palmaires d'autres, n'irriguent que les meilleures parcelles de palmiers, les autres au dépérissement, d'autres, enfin, irriguent avec les eaux de drainage malgré leur salinité au moins jusqu'à la solution du problème. En outre la gestion de l'eau dans les oasis est traditionnelle et dépassée par les mutations actuelles des oasis. Nos palmiers dattiers sont beaucoup assoiffés » précise le propriétaire. Il y a aussi, l’handicap financier, l’absence ou l’insuffisance du savoir faire, le manque de main-d’œuvre; particulièrement celle qualifiée sont perçus comme les principaux problèmes entravant le développement de la phoeniciculture dans cette région, notre interlocuteur dit « Certains phoeniciculteurs ne réalisent pas certaines opérations pour ces raisons. Ce manque s'expliquerait, par la concurrence des autres secteurs de l'économie qui rémunèrent mieux la force de travail tout en offrant des emplois moins pénibles. Cette situation bien qu’elle est mieux comparativement aux autres régions phoenicicoles du pays, reste en deçà de normes préconisées par l’itinéraire technique »

Creusage des forages, des autorisations non délivrées…


A notre retour sur le champ de plantation de M.Ameur Leghzal, une panne est signalée, « ici l’eau est capté par forages à une profondeur d’environ 110 m, selon les endroits, pour réparer une petite panne, il faudrait, beaucoup de matériels et bien-sur beaucoup d’argent aussi a location (gru, compresseur, électricien…qui coûtent plusieurs millions de centime) », nous explique notre interlocuteur. Avant d’ajouter, « Avec la présence du sable dans les profondeurs de forages,  Nous déployons beaucoup d'efforts pour réparer et comprendre les causes à la source des pannes. Par exemple, comme les pompes hydrauliques, la dernière coûte 11 millions de centimes non négociable (dans la plus part de temps certains phoeniciculteurs changent jusqu’à 10 au 15 pompes, pour faire monter de l’eau nette, le sable cause beaucoup de problèmes pour nos pompes » signale-t-il. Dans cette pompe, cette dernière est équipée de filtration composée d’un filtre à sable avec deux filtres à disques capables de filtrer autour de 20 m3/h d’eau légèrement sableuse. Une pompe de 50 m3/h avec hauteur manométrique de 20 m pour les terrains plats.  Pour une production de palmiers de première année, sont installés deux tuyaux par ligne de culture avec 4 goutteurs bottons par arbre. Durée de l’arrosage : 2 heures tous les 3 jours (deux fois par semaine). La deuxième méthode est l’irrigation goutte-à-goutte enterrée. L’irrigation enterrée a de nombreux avantages, Pour M.Ameur Leghzal, maintenant, nous voudrions nous concentrerons sur le mouvement de l’eau dans le sol, parce qu’il évolue notablement d’un sol à un autre, par exemple, d’un sol argileux à un sol sablonneux. Cette disposition de l’eau dans le sol va affecter la durée et la fréquence d’irrigation. Dans les sols argileux, la perméabilité du sol est beaucoup plus compacte, et fait que l’eau reste dans la surface du sol assez longtemps pour avoir beaucoup de pertes par évaporation. D’autre part, dans les sols sablonneux la capillarité est très grande, et fait que toute l’eau appliquée passe aux niveaux inférieurs plus rapidement, en supposant aussi une perte d’eau par percolation. Exemple, pour creuser un forage d’eau de 100 mètres de profondeur coûtera au minimum 500 millions de centimes (5 millions de dinars) sans compter d’autres machines comme le groupe électrogènes de 450 millions de centimes (selon le nombre de chevaux). Dans la région d’El Ghrous, dans la wilaya déléguée de Ouled Djellal ( dans la wilaya de Biskra), nous avons eu l’occasion de rencontrer un producteur de dattes de la région, qui nous mènent sur le terrain, à notre arrivée, le propriétaire de 450 palmiers nous dira, que  « avec le manque d’eau, la récolte de 2022 est en danger, et même celle de 2023 aussi, si l’autorisation n’est pas délivrée pour réparer mon forage, 450 palmiers dattiers risquent de disparaitre. Avec un dossier complet déposé au niveau de la wilaya, depuis plus de 5 mois, et après plusieurs réclamation, mais toujours pas de réponse» a-t-il expliqué en colère.






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