Entretien avec S.E Monsieur Raheem Attoumane, représentant résident de l’Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI) aux Comores,

 

« La diaspora comorienne est un acteur clé du développement »

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Dans cet entretien, S.E Monsieur Raheem Attoumane, représentant résident de l’Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI) aux Comores, répond à une série de questions de Le Courrier d’Afrique 54 portant sur son parcours, les projets de l’ACEI, et la vision de l’agence pour l’avenir de l'Afrique.

Entretien réalisé par : Youcef MAALLEMI (maallemi-youcef@lecourrierdafrique54.com)

Le Courrier d’Afrique 54 : Excellence Monsieur Raheem Attoumane, bonjour, parlez-nous de votre parcours professionnel.

S.E Monsieur Raheem Attoumane : Bonjour et merci pour votre invitation. Je suis Raheem Attoumane, entrepreneur et diplomate français et comorien. Issu du secteur de l’assurance, je me suis très tôt engagé dans l’entrepreneuriat, notamment en fondant le service de conciergerie Les MajordHome, ainsi que le MajordHome Group Company, des entreprises activent dans les services aux entreprises, et aux particuliers, la logistique et la conciergerie. Mon engagement pour le développement m’a naturellement conduit à intégrer le domaine de la coopération internationale. Aujourd’hui, j’ai l’honneur de représenter l’ACEI en Union des Comores, où je coordonne les actions de mobilisation de ressources, de coopération économique et les partenariats stratégiques.

En votre qualité de chef du bureau de représentation à Moroni, capitale des Comores, pouvez nous nous retracer l’historique de l’Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI) depuis sa création à ce jour ?

L’Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI) a été fondée dans une dynamique panafricaine, avec pour mission de renforcer la coopération entre les États africains et leurs partenaires internationaux. Depuis sa création, l’ACEI s’est structurée comme un outil de lobbying stratégique de coopération Sud-Sud, œuvrant au renforcement des capacités institutionnelles, à la promotion de l’investissement et à l’intégration régionale. Aux Comores, notre bureau a vu le jour pour accompagner les projets du Plan Comores Émergent (PCE) et jouer un rôle de facilitateur entre les institutions locales, la diaspora et les partenaires internationaux.

Quelles sont les grandes actions menées par l’Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI) aux Comores ?

Nous avons initié plusieurs actions concrètes, notamment :

- Le PAFED - Programme d’Appui à la Formation Entrepreneuriale de la Diaspora,
- L’organisation de la participation des Comores aux seins de forums économiques pour attirer l’investissement,
- La participation active à la mobilisation de ressources pour des projets structurants du PCE,
- L’accompagnement technique de porteurs de projets locaux,
- Et la création de ponts diplomatiques avec les organisations africaines et internationales.



Entre 2020-2030, plus de cinq milliards investis dans le « Plan Comores Émergent » (PCE) est-ce que, selon vous, le pays sera émergent en 2030 ?

Le PCE est une vision ambitieuse. Si les investissements sont bien orientés, accompagnés de réformes structurelles et si la stabilité politique est maintenue, oui, les Comores ont les moyens d’atteindre le cap de l’émergence. L’ACEI s’est engagée aux côtés des autorités comoriennes pour renforcer cette dynamique, notamment via le soutien aux secteurs porteurs comme le tourisme durable, l’économie bleue, l’économie circulaire, l’agro-industrie et les énergies renouvelables.

Quels sont les six projets phares du plan « Comores Émergent » ?

Parmi les projets structurants du PCE, on retrouve :

1. La modernisation du port de Moroni,
2. La construction de l’aéroport international de Hahaya,
3. Le développement du tourisme durable,
4. Le programme d’électrification et d’énergie propre,
5. La valorisation de l’agriculture et de la pêche,
6. Et le développement des infrastructures numériques.

Quel est le rôle de la diaspora comorienne dans le développement de leur pays ?


La diaspora comorienne est un acteur clé du développement. Elle apporte non seulement des transferts de fonds, mais aussi des compétences, des réseaux et des projets innovants. L’ACEI œuvre à structurer son engagement, à faciliter son intégration dans les projets nationaux et à en faire un partenaire stratégique du développement.

Parlez nous des objectifs du programme d’appui à la formation entrepreneuriale de la diaspora comorienne.

Ce programme vise à :

- Renforcer les capacités des jeunes entrepreneurs issus de la diaspora.
- Faciliter l’accès au financement de leurs projets,
- Créer des passerelles entre les marchés africains et la diaspora,
- Et encourager le retour productif de compétences et de capitaux vers les Comores.


Du Réseau des Chambres des Experts Européens de Développement Économique (RCEEDE) à l'Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI), pourquoi ce changement de nom? 


Ce changement de nom marque une évolution stratégique et géographique. Le RCEEDE était initialement un réseau technique et économique européen axé sur la coopération au développement. Cependant, les réalités du continent africain, les besoins croissants en intégration régionale et l’ambition de donner à l’Afrique et sa diaspora un outil diplomatique indépendant ont motivé cette transformation.

La création de l’ACEI permet ainsi de :


- Se recentrer sur les priorités africaines,
- Renforcer la présence institutionnelle sur le continent,
- Agir comme un acteur panafricain de la coopération Sud-Sud,
- Et nouer des partenariats stratégiques plus équilibrés avec l’international.


Existe-il des relations entre l’Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI) et l'Agence Comorienne de Coopération Internationale (ACCI) ?


Oui, des échanges ont été amorcés et ont même donné la signature d’une MOU de coopération en 2023
. L’ACEI et l’ACCI partagent des objectifs communs : promouvoir la coopération et le développement. Nous œuvrons à renforcer nos synergies, notamment autour des projets de développement local, de la formation, et de la coopération économique comorienne et internationale.

Comment se porte le secteur de l’investissement aux Comores ?

 
Le pays offre de réelles opportunités, notamment dans le tourisme, l’agriculture, l’énergie et le service à la personne. Toutefois, il reste des défis à relever en matière de gouvernance administrative, d’accès aux financements et d’infrastructures. L’ACEI accompagne les investisseurs pour sécuriser et structurer leurs projets aux Comores.

Quelles sont les ambitions de l’Agence Africaine de Coopération Économique et Internationale (ACEI) dans les années à venir ?

Nos ambitions sont claires :

-Renforcer notre présence continentale,
- Développer des centres d’innovation régionaux,
- Créer un réseau réunissant toutes les agences africaines de coopération,
- Structurer une communauté économique de la diaspora et l’intégrer au CER de l’UA
- Et contribuer activement à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine en tant qu’acteur africain de référence dans la coopération économique et internationale.

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