Finance :
Forte baisse des investissements en private equity sur le continent, sauf en
Afrique de l’Ouest (rapport).
L’Afrique
n’échappe pas au coup de froid qui s’est abattu sur le marché mondial du
private equity. Dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes
économiques et géopolitiques, les acteurs du secteur ont agi avec grande
circonspection en optant pour des tickets plus petits.
Les acteurs locaux et internationaux de l’industrie du private
equity ont injecté 900 millions de dollars dans des entreprises africaines au
premier semestre 2024, selon un rapport publié le 20 août par l'Association
africaine de capital-investissement et du capital-risque (AVCA). Ce montant est
en baisse de 66% par rapport à celui enregistré durant les six premiers mois de
2023. L’Afrique de l’Ouest fait toutefois exception avec une augmentation de 3%
sur la même période. Le nombre de transactions recensées entre le 1er janvier et le 30 juin de l’année
en cours sur le continent a, quant à lui, a atteint 182, enregistrant ainsi un
recul de 17% comparativement à la même période de l’année écoulée.Intitulé « Q2 2024 Private Capital in Africa
Report », le rapport explique la baisse de la valeur et du volume des
transactions par la persistance des incertitudes macroéconomiques dans un
contexte marqué par le maintien des politiques monétaires restrictives, une
inflation élevée et des tensions géopolitiques, qui a incité la majorité
acteurs du secteur à faire preuve de prudence et à opter pour des tickets plus
petits. Signe très révélateur de cette circonspection : les transactions
supérieures à 100 millions de dollars ont chuté de 91 % en glissement annuel
au premier semestre de l’année en cours, alors que les transactions inférieures
à 50 millions de dollars ont représenté 88% de la valeur totale des
investissements recensés. Ainsi, la taille moyenne des transactions est passée
de 20 millions de dollars en 2023 à 8 millions de dollars seulement sur les six
premiers mois de 2024.
La répartition des investissements par sous-région montre
d’autre part que l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est ont accaparé 60% de
la valeur des transactions (30% pour chaque sous-région). Viennent ensuite
l’Afrique australe (10%), l’Afrique du Nord (9%), et l’Afrique centrale (1%).
20 % des investissements ont été réalisés dans des entreprises opérant en
Afrique, mais qui sont basées dans d’autres régions du monde.
La ventilation
sectorielle des investissements réalisés par les firmes de
capital-investissement sur le continent durant la période sous revue révèle,
quant à elle, que le secteur des services financiers a capté 39 % de la
valeur totale des transactions, devant ceux de l’industrie (12%), des produits
de consommation de base (10%), des technologies de l’information (10%), des
services de communication (7%) et des services publics (6%). Le rapport
souligne par ailleurs que les gestionnaires de fonds dédiés à l’Afrique ont
levé un montant total de 1,3 milliard de dollars durant les six premiers mois
de 2024. Sur ce montant, un milliard de dollars a été levé dans le cadre de
clôtures finales et 300 millions dans le cadre de clôtures intermédiaires. Ce
semestre a été particulièrement difficile pour les gestionnaires de fonds qui
s’aventurent pour la première fois sur le continent. Aucun de ces gestionnaires
de fonds « novices » n’a réussi à réaliser une clôture finale. Sur un
autre plan, les firmes de capital-investissement opérant en Afrique ont réalisé
22 sorties durant le premier semestre de l’année en cours contre 17 au cours de
la même période de l’année écoulée. Dans un contexte marqué par le
refroidissement du marché, les gestionnaires de fonds axés sur l’Afrique se
sont appuyés sur des stratégies de sortie déjà éprouvées. La cession à des
acquéreurs industriels (trade buyers), qui fait référence à la cession de la
participation à une autre entreprise opérant dans le même secteur, reste la
voie de sortie la plus courante, devant les ventes d’actifs à d’autres firmes
de capital-investissement, le Management buy-out (vente des parts aux
dirigeants de l’entreprise) et les introductions en bourse.