Sadi Malika, enseignante chercheuse à l’université de Mascara

 

« Un doctorant peut être un bon enseignant s’il enseigne des modules de sa spécialité »


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Sadi Malika est enseignante - chercheuse à l’université de Mascara depuis décembre 2005. Elle a eu son magister en langue et littérature arabe à l’université d’Oran en 2005, un doctorat de l’université d’Oran en 2014 et l’habilitation universitaire en 2019, actuellement elle prépare son dossier de professeur. Sadi Malika, elle a publié plusieurs articles en littérature et en critique moderne, elle à participé dans plusieurs conférences nationales et internationales. Auteur du livre sur les romans d’Ibrahim Al Kawni (en image),  un écrivain libyen reconnu qui a été décerné en plusieurs  prix littéraires en France, en Allemagne, au Japon…Entretien


Entretien réalisé par: Youcef MAALLEMI (maallemi-youcef@lecourrierdafrique54.com)


 Le Courrier d’Afrique 54 : Pour commencer, qu'est-ce qui vous a amène à devenir enseignante à l’université ?

 Sadi Malika : Depuis mon enfance, j’aime l’enseignement, j’ai joué le rôle d’une enseignante du quartier, mes élèves étaient mes voisins et mes camarades, et j’aidais mes copines à comprendre leurs cours et j’expliquais mieux que leurs enseignants comme elles me disaient toujurs. Donc l’enseignement était une passion et un rêve que j’ai réalisé plus tard et non seulement une simple profession.  De par mon master et mon expérience, le monde de l'enseignement ne m'était pas inconnu. Je n'ai pas mis trop de temps à m'adapter. Mais c'est vrai que pour d'autres le passage ne se fait pas aussi facilement. Il n'est pas évident de se retrouver seule face à des auditoires de  plus de 200 étudiants, surtout en début de carrière.

Vous êtes spécialisée beaucoup plus dans la littérature arabe contemporaine, pourquoi avez-vous choisi cette branche ou spécialité?

Je suis spécialisée dans la littérature arabe, parce que je lisais beaucoup de romans, de récits et de poèmes depuis mon enfance, et j’ai pris par cœur la poésie ancienne et moderne, mais aussi, j’écrivais des récits dans mes cahiers d’écolier, et je signais au nom de docteur Sadi à l'époque a mon bas - âgée de 13 ans. Maintenant, j’enseigne la littérature comparée et la littérature mondiale, et ce n’est ce que m’aider à enrichir mon expérience.

Selon vous, un doctorant est-il un bon enseignant ?

 Oui un doctorant peut être un bon enseignant s’il enseigne des modules de sa spécialité et fait des efforts et la coordination avec les anciens enseignants.

L'image du prof d'université qui donne son cours dans un auditoire comprenant une centaines d'étudiants est-elle tronquée ?

 C'est encore souvent le cas même s'il faut reconnaître que la profession bouge beaucoup. Les professeurs font de plus en plus d'efforts pour rendre leurs cours attrayants. De toute façon, si ce n'est pas le cas, l'auditoire se vide au fil des jours et des semaines. Le professeur est alors forcément obligé de se poser des questions.

Comment vous-y prenez-vous pour capter l'attention de vos étudiants dans l'auditoire ?

 Il est impossible de se rendre compte si tous les étudiants, sans exception, ont compris ou pas. Bien souvent, avant le cours, je prends quelques minutes pour répondre aux éventuelles questions sur la matière qui a été vue au cours précédent. Et lors des intercours, quelques étudiants ne manquent pas de venir me trouver pour me demander des explications. J'ai donc ainsi un certain retour. Afin de travailler efficacement, je veille aussi à ce qu'il n'y ait aucun chahut dans l'auditoire. Je suis intransigeant sur ce point.

Que pensez-vous de la littérature algérienne d’expression arabe ?

 

 

Couverture du livre de l’enseignante-chercheuse Sadi Malika.



La littérature algérienne de l’expression arabe a connu un saut spécial dans les années 70 avec les romans de Ben Hadougua et Tahar Wattar, et avant eux,  les poèmes du grand poète Moufdi Zakaria qui était influencé par le modernisme, et dans les années 90 a connu beaucoup de nouveaux écrivains qui ont marqué un grand succès comme Wassini Laaredj,  Ahlem Mostaghanmi, Amin Zawi, et Tahar wattar ce dernier a connu une renaissance.

Est-ce possible de bien donner cours à autant d'étudiants ?

 Oui à condition d'être très bien préparé. Même si on connaît parfaitement sa matière, il faut compter au moins deux heures de préparation pour chaque "leçon". Quand on a une dizaine ou une vingtaine d'étudiants, on peut encore se permettre de tâtonner, de faire des retours en arrière, aborder des thèmes déjà évoqués qui auraient été mal compris par 5 ou 6 étudiants mais tout ceci n'est pas réalisable quand on s'adresse à de grands groupes. Il faut d'emblée être clair. Donc, la préparation doit être minutieuse. Je me tiens sans cesse au courant des derniers développements qui pourraient survenir dans ma spécialité. Je lis énormément. Comme le disait un de mes collègues : "Enseigner c'est d'abord lire". Je fais beaucoup de recherches pour enrichir mon cours. Un professeur d'Université adapte son cours en fonction de l'évolution de sa discipline est non pas en fonction de ses étudiants. C'est une des spécificités de l'enseignement universitaire

Qu'est-ce qui vous déplaît dans votre profession d'enseignant ?

 Les examens, surtout quand on a, comme moi, de grands groupes. Je dois corriger des centaines de copies en un temps très restreint. Je corrige à la chaîne ! Vu le nombre, il m'est impossible de faire des examens oraux. Cela prendrait des semaines. L'étudiant doit donc me convaincre par écrit qu'il maîtrise la matière sans que je puisse l'aider en quoi que ce soit comme cela aurait pu être le cas lors d'un oral.

Un professeur d'Université ne se contente pas d'enseigner ?

 En effet. Il est engagé par l'Université non seulement pour enseigner mais également pour faire de la recherche dans sa spécialité et rendre des "services à la communauté" à raison respectivement de 40%, 40% et 20% de notre temps. Il faut toutefois reconnaître que le volume "service" prend de plus en plus d'importance. Pour ma part, je suis sans cesse sollicité pour des conférences, séminaires, représenter l'Université lors de colloques à l'extérieur.

Quels sont les projets de Sadi Malika à l’ avenir ? Est-ce que vous avez des livres à édités ?

 Concernant mes projets : mon objectif, c’est d’atteindre mon grade de professeur, et éditer des livres basés sur mes cours magistraux dans la littérature mondiale, le texte littéraire moderne, et un livre collectif basé sur mon étude dans la critique culturelle dans une unité de recherche du programme PRFU.

Quels sont les auteurs qui vous inspirent beaucoup ?

 Les auteurs qui m’inspirent beaucoup : Le colombien Gabriel Garcia Marquez, Le russe Dostoyfski, l’allemand-tchèque Kafka, l’américaine Louisa May Alkot, le français Émile Zola et George Pérec, et l’algérienne Ahlem Mostghanmi.

 



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