(Rapport) Les énergies renouvelables offrent une grande opportunité à l’Afrique d’accélérer sa croissance économique globale

 

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La transition vers les énergies renouvelables en Afrique a progressé de manière impressionnante au cours de la dernière décennie, de nombreux pays s’étant efforcés d’accroître leur capacité d’énergie renouvelable ces dernières années.

Par : Le Courrier d’Afrique 54.

En Afrique, jusqu’à 14 millions d’emplois liés à la transition énergétique pourraient être créés d’ici 2030, c’est ce qu’indique l’organisation Sustainable Energy for All dans son rapport intitulé « Africa Renewable Energy Manufacturing ». Un chiffre, parmi tant d’autres, qui démontre les immenses opportunités qu’offre le secteur des énergies renouvelables sur le continent. En effet, la demande africaine d’énergie devrait doubler d’ici 2030, et être multipliée par 8 d’ici 2050. En face, le potentiel du continent en énergies renouvelables devrait être la principale solution, avec notamment un potentiel solaire de 10 TW, hydroélectrique (350 GW) et éolien (110 GW).  Ainsi, selon le rapport, en répondant à ses besoins énergétiques par le biais de son potentiel renouvelable, l’Afrique atteindra ses principaux objectifs de développement durable. Premièrement, le continent réduira considérablement la quantité d’énergie provenant de ressources fossiles, ce qui se traduira par une baisse de ses émissions de gaz à effet de serre. Ensuite, cela renforcera les capacités de fabrication locales et créera des emplois. En moyenne, l’Afrique pourrait connaître une augmentation du PIB de 6,4 % entre 2021 et 2050, directement attribuable à la transition énergétique, indique le rapport. La production d’énergie renouvelable pourrait également améliorer la balance commerciale de l’Afrique en réduisant les dépenses liées aux importations de combustibles fossiles. Par ailleurs, cela renforcera ses partenariats avec d’autres pays en avance dans les technologies de transition, notamment les pays asiatiques avec en tête la Chine.

Le rôle de la Chine dans la transition énergétique de l’Afrique

La Chine est le leader de la fabrication de produits d’énergie renouvelable. Elle produit la grande majorité de la chaîne d’approvisionnement de l’énergie solaire photovoltaïque et des cellules de batterie, entre autres. L’empire du Milieu est également le premier partenaire économique de l’Afrique. En raison de cette force dans le domaine des énergies renouvelables et des liens commerciaux existants, la Chine et ses entreprises sont donc les partenaires les plus indiqués pour développer la production dans le secteur des énergies renouvelables en Afrique. Ce partenariat devrait se développer autour de plusieurs atouts existants, parmi lesquels : La richesse africaine en ressources dans plusieurs matières premières essentielles pour les produits d’énergie renouvelable. Ces ressources constituent une option intéressante pour les entreprises chinoises qui chercheront à installer des usines de fabrication d’équipements d’énergies renouvelables plus près des chaînes d’approvisionnement en ressources. L’évolution de la dynamique géopolitique. Une relation favorable se développe entre l’Afrique et la Chine. Le commerce entre l’Afrique et la Chine était évalué à environ 192 Mds $ en 2019 et la Chine est le premier partenaire commercial individuel de l’Afrique, avec environ 14 % du commerce total. En fin, la poussée de l’Afrique vers l’industrialisation devrait favoriser un partenariat avec la Chine. En effet, depuis la pandémie de COVID-19 qui a mis en évidence la dépendance excessive des pays africains vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement mondiales, les appels se multiplient pour relocaliser les processus tout au long de la chaîne de valeur de la fabrication.

La Faisabilité d’une fabrication par les pays africains de produits entrant dans le processus de production des énergies renouvelables

Le rapport de Sustainable Energy for All a évalué 14 pays africains sur leur capacité à fabriquer des produits d’énergie renouvelable. L’évaluation a porté sur 7 critères essentiels à la réussite dans le secteur, à savoir la demande d’énergies renouvelables, la maturité de la fabrication, la stabilité politique, les politiques et réglementations favorables, les relations commerciales avec la Chine, les infrastructures favorables, et la capacité d’exportation. Suivant cette évaluation, le Royaume du Maroc affiche les meilleurs résultats, avec un score de 7/7. Le royaume a la quatrième plus forte demande d’énergie solaire prévue en 2030. Son PIB manufacturier est le cinquième de la liste des pays évalués. Ses politiques et ses infrastructures sont adaptées à la fabrication et à l’exportation d’énergies renouvelables. Le pays entretient également des liens importants avec la Chine, avec 6,9 milliards $ d’importations en 2021. Ensuite viennent l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Ghana qui affichent de bons résultats, respectivement 6,5/7, 6/7, et 5,5/7. L’Algérie est à la 5ème position, suivie de la Tunisie et du Nigéria. Ce dernier, malgré un PIB manufacturier élevé, ne possède pas suffisamment d’infrastructures et ses exportations, hors pétrole et gaz, sont limitées.

À l’image du Nigéria, plusieurs lacunes et obstacles s’opposent au développement de la fabrication locale de produits du secteur du renouvelable

Si plusieurs facteurs favorables sont en place, il existe également de nombreuses barrières au succès de la fabrication de produits d’énergie renouvelable en Afrique, parmi lesquelles : L’absence des facteurs de production nécessaires. Le rapport constate des capacités techniques inadéquates, telles que le manque d’expertise locale en matière de fabrication à forte valeur ajoutée et le faible nombre de programmes éducatifs liés aux énergies renouvelables qui contribuent à la perception selon laquelle l’Afrique ne dispose pas du réservoir de main-d’œuvre nécessaire aux opérations de production. La faiblesse des chaînes d’approvisionnement locales. Les barrières à l’importation, notamment les droits de douane et les taxes élevés sur les équipements et les composants, entraînent un désavantage concurrentiel, tandis que de nombreux pays africains ne disposent pas d’industries adjacentes telles que le verre, l’aluminium et l’acide sulfurique. En fin, le rapport note l’absence d’incitations pour stimuler la demande locale. La plupart des pays africains manquent en effet d’incitations adéquates pour promouvoir la demande locale et régionale de produits d’énergie renouvelable.

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