(Le Courrier d’Afrique
54) Au Japon, les défis macroéconomiques complexes
pourraient avoir des répercussions sur l'engagement pris lors de la 8e TICAD par le Premier ministre Fumio Kishida (photo)
d'augmenter de 30 milliards $ les investissements de son pays en Afrique.
Cela pourrait également peser négativement sur les stocks d'investissements
directs étrangers qui avaient repris un regain de croissance sur le continent
en 2021.
D'un côté, les
marchés s'attendent à ce que le nouveau gouverneur de la Banque centrale du
Japon augmente les taux auxquels son institution prête aux banques commerciales
pour réduire l'inflation, qui semble avoir pris les autorités de cours. De
l'autre côté, un sondage réalisé par Reuters en octobre
2022 a révélé que plus d'entreprises que prévu prévoient d'augmenter les
salaires pour redonner du pouvoir d'achat à leurs employés. Enfin, le
gouvernement a prévu d'augmenter ses dépenses militaires de 60 % sur les
cinq prochaines années. La combinaison de ces trois situations pourrait avoir
les implications suivantes sur l'Afrique. Une hausse des salaires pourrait
gonfler les charges des entreprises, qui pourraient vouloir maîtriser les
dépenses en réduisant la part des investissements jugés non essentiels, ce qui
pourrait ralentir les engagements du secteur privé en Afrique si d'autres
conditions favorables ne sont pas réunies. Un effet similaire est à attendre si
la Banque centrale remonte ses taux ou si le gouvernement augmente les impôts
pour faire face à ses objectifs de dépenses militaires.
Le Japon est un
partenaire économique important en Afrique, et des entreprises japonaises sont
présentes dans de nombreux pays de la région, notamment avec des véhicules de
marque Toyota. De plus, de nombreuses banques japonaises interviennent sur des
arrangements financiers en faveur des entreprises, des institutions de
développement et des gouvernements du continent. Une hausse du pouvoir d'achat
au Japon pourrait relancer la demande pour certains produits, y compris ceux en
provenance d'Afrique. Cependant, même si le continent africain compte de
nombreuses entreprises japonaises, il ne s'agit pas du marché où le Japon a le
plus d'intérêts. Selon des statistiques disponibles sur le site internet du Japanese
External Trade Organization (JETRO), le stock des
investissements étrangers du Japon en Afrique (5,7 milliards $) ne représentait
que 0,3 % des IDE japonais à cette période, bien qu'il ait augmenté en
2021 après deux années de baisse drastique (2019 et 2020). Il convient
également de rappeler que la situation est plus préoccupante pour l'Afrique du
Nord, mais surtout pour l'Afrique du Sud, qui abritait 62 % du stock des
IDE du Japon sur le continent africain en 2021. Enfin, en cas de besoin de
réajustement, tous les pays ne seront pas traités de la même manière. L'Afrique
du Sud, l'Egypte et la Côte d'Ivoire étaient jugées rentables en 2021,
tandis que le Maroc, l'Ethiopie et le Mozambique offraient de moins bons
résultats.