Le nouveau millénaire nous impose avec la mondialisation de ne compter que sur nous-mêmes avant de nous ouvrir aux autres. Que nous demande l'industrie du tourisme d'aujourd'hui et de demain ? Avons-nous au Sénégal une stratégie de relance du tourisme post Covid-19 qui répond au tourisme d'aujourd'hui et celui de demain ?
Par : Mouhamed Faouzou DEME, Premier africain et sénégalais décoré 25ème personnalités Héros mondial du tourisme.
C’à quoi je vais tenter d'apporter des éclairages et des suggestions pour nous éviter le chaos économique lié au tourisme en Afrique en général, pour les pays qui ont une réelle volonté politique adossée à une vision acceptée et partagée par tous les acteurs, ont défini une stratégie de relance basée sur deux principaux piliers à savoir : Le tourisme local et la transition écologique. Je fais ce rappel pour dire, que nous n'avons pas besoin d'être de superbes intelligents, pour apprendre des leçons de la COVID-19, et de la réalité du changement climatique. Ce changement nous impose un mode de vie, et un modèle économique endogène, qui sont les bases de la relance du tourisme au Sénégal. Que faire ? A travers un diagnostic de vulnérabilité, et la construction d’un plan d’actions et d’adaptation à la résilience du secteur à horizon 2025, les acteurs prendront conscience de la nécessité de tenir compte, des conséquences du changement climatique dans leurs activités, en vue d’en réduire les impacts. A l'exemple d'autres pays, cette expérimentation a montré aux acteurs de ces pays à quel point, le changement climatique n’était plus une question abstraite, mais un phénomène concret, qui se manifeste d’ores et déjà par un certain nombre de menaces directes sur leurs activités et leur modèle économique.
L'exemple de l'érosion côtière dans plusieurs sites et l'avancée de la mer également dans d'autres sites touristiques au Sénégal, prouvent à suffisance, que ce phénomène est un danger pour les populations, les acteurs économiques, et les collectivités territoriales y compris le gouvernement. De ce point de vue il y a urgence dans la nécessité d'appliquer une politique de transferts et ou de partage de compétences du tourisme. Pour parer à tous ces problèmes, il est nécessaire qu'il y ait un organe pluridisciplinaire, dédié au tourisme et qui soit opérationnel pour permettre, une concertation régulière, des échanges, et des études de mis à jour, mais également pour apporter une touche professionnelle dans la formation et le partage d'expériences. Cet organe pourrait se substituer à l'ASPT, (Agence Sénégalaise de Promotion Touristique) aux côtés des acteurs du tourisme, pour faire face à la promotion du tourisme local, et aux enjeux climatiques.
Nous devons mettre en place un plan marketing pour la période 2023 – 2025 avec pour ambition de positionner le tourisme local comme une destination phare de loisirs, nature, decouverte, et imprégnation. Le potentiel de fréquentation hors-saison du tourisme local, est très loin des objectifs du développement du tourisme intérieur qui soit à pied, à vélos, ou du tourisme chez l'habitant, dans les auberges et campements. Cette forme de tourisme devrait avoir une valeur ajoutée conséquente dans la vie des populations autochtones. En voici deux exemples : Afin d’accompagner le secteur du tourisme dans sa transformation, l’ASPT pourrait développer des méthodologies, et des outils sur diverses thématiques environnementales, avec un focus sur l'aire marine protégée. Avons-nous un regard, ou une Illustration à travers un label Ecotouriste, sur l'exploitation de mines dans le périmètre des zones touristiques, le désert de Loumpoul, la mangrove du delta du saloum, les zones d'hébergements touristiques, avec la problématique de l'inclusion sociale, et de la participation des populations aux processus, et aux règles du changement climatique.
De ce point de vue, il y'a une campagne de communication hors saison touristique à mettre en place pour le secteur, et ceci est très important pour la relance du tourisme, ou nous avons l'obligation, de travailler en synergie avec l’ensemble des acteurs du secteur (hébergements, restaurants, sites de loisirs, institutionnels, chercheurs, experts, étudiants, médias, plateformes, pour la compréhension, et la mise en œuvre de tous les éléments, qui rendent la relance du secteur possible mais intégrale. A ce titre, je propose comme dans d'autres secteurs, la création d'un Fonds du Tourisme Durable à côté du Fonds de Promotion, pour davantage prendre à bras le corps l'insalubrité, la sensibilisation, et pourquoi pas instituer une amende qui viendrait renforcer à la fois le fonds du tourisme durable, mais également permettre aux usagers d'avoir des comportements Eco responsables, d'accompagner les TPE/PME en zone rurale et péri-urbaine dans tous les domaines de la transition écologique via un diagnostic gratuit et le financement d’actions et de prévention avec le Fonds du Tourisme Durable. Il y a lieu aussi, à ce stade, de privilégier les formes émergentes de tourisme, comme l'agritourisme, le tourisme vert, ou écotourisme, le tourisme culturel et cultuel, en soutenant financièrement les opérateurs du tourisme dans la création/évolution de leur activité.
Dans la réalisation d'un tel projet l'ASPT devrait au préalable, autour d'un séminaire, élaboré un cahier de charges pour la confection d'un label écologique qui fait référence à la politique, à la qualité et à l'engagement de toute la chaîne de valeur, à respecter la charte de l' écolabel sénégalais, qui sera un réel outil d’éco-conception de service et de valorisation de nos ressources, et des hébergements éco-touristiques. Ce label devra incontestablement être soutenu par les pouvoirs publics et restera plus que jamais un critère fiable d'évaluation et d'amélioration pour aider les acteurs, les touristes et les chercheurs à repérer les produits les plus respectueux de l’environnement.L'utilité du cahier des charges du label permet à un hébergeur ou un réceptif hôtelier, d’agir sur les principaux postes : consommation d’eau et d’énergie, production de déchets, utilisation d’énergies renouvelables… Il s’agit d’un outil précieux pour guider les professionnels mais aussi c'est un gage de qualité pour les touristes. Dans sa mise en marché, l'ASPT va devoir assurer le déploiement et la valorisation de l’Ecolabel sénégalais, sur les marchés émetteurs, sur le territoire sénégalais, au travers notamment, des financements dédiés et des actions de communications de promotion et de sensibilisation.
Une fois cette étape terminée, nous pourrions entamer la certification de nos différents produits touristiques et enchaîner avec la relance du secteur dans sa globalité en tenant compte, des étapes et de la synchronisation des actions et des activités par ailleurs. Tout ce préalable, c'est pour vous dire, que la relance peut se décider. Mais, elle se construit progressivement avec un personnel expérimenté, passionné et engagé. Pour aborder la relance je voudrais parler sous l'angle de l'innovation et du changement de comportement, pour s'adapter à l'écologie. Le vélo, la calèche la pirogue etc… sont adaptés à la fois au respect de l'environnement, mais aussi à l'économie sociale et solidaire. Le développement du vélo-tourisme, qui n'est pas un concept nouveau, il faut le rappeler, peut contribuer à l’atteinte des objectifs du tourisme durable et de l'écotourisme, qui contribuent à améliorer la pratique du vélo dans le tourisme pour le touriste, notamment en accompagnant les acteurs du tourisme et les collectivités territoriales à valoriser les itinéraires cyclables et à déployer des services dédiés : aires de circulation, aires de stationnement avec accueil, bureau d'information, cantine de repas, développement de méthodologies sectorielles, en synergie avec le ministère du tourisme et les acteurs en charge de l'environnement, ce qui permet d'évaluer et d'établir un bilan national des émissions de gaz à effet de serre du tourisme au Sénégal. L'ASPT dans sa mission de promotion pourrait également accompagner, la transition écologique, par des installations touristiques, à travers ses fonds de promotion touristique avec un appui financier conjoint du ministère de l'environnement et des organismes spécialisés. Le secteur du tourisme dans sa transformation écologique, et pour un respect de l'environnement est obligé d'intégrer le capital humain comme le premier lever d'accélération de la croissance dans le tourisme. Pour engager le secteur du tourisme sur une transition écologique pérenne, nous avons identifié trois priorités d’actions :
Sensibiliser et orienter le secteur sur la voie de l'émergence touristique et des enjeux environnementaux, à partir de dispositifs existants et à améliorer. Accompagner les professionnels, à agir à court terme, mais aussi sur le long terme, pour préparer l’avenir avec célérité, engagements, et respect. Développer des partenariats stratégiques, qui ont la capacité de fédérer les acteurs du secteur touristique dans sa transversalité, et de démultiplier le déploiement, des bonnes pratiques, sur toute l'étendue des zones et côtes touristiques. Dans ce schéma qui est préconisé, la Sapco (société d'aménagement des zones et côtes touristiques du Sénégal à une responsabilité et un rôle majeur, de prévention, d'affichage, d'information, de veille, d'amélioration, et d'entretien du mobilier urbain, des espaces de circulation, et de sécurité, pour garantir un développement harmonieux et un bien-être pour les usagers, entre l'espace, l'environnement et les équipements. La compréhension du tourisme dans sa mise en marché effective, est souvent le nœud à dénouer, dans les inter actions, que dans leurs inter relations, dont les intérêts doivent converger vers un seul résultat, celui du développement et la prospérité du secteur du tourisme avec sa chaîne de valeur.